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Jeff Tatard - L'entraînement de trop

Jeff Tatard - L'entraînement de trop
Par Jeff Tatard 15 avril 2021 22134 Vues Aucun commentaires

T’es à une semaine de ton grand objectif. Ça fait plusieurs semaines que tu suis un programme aussi précisément que le contexte te le permet. Alors, dans cette situation, si tu devais choisir entre « rassuré mais fatigué » ou « anxieux mais reposé », lequel choisirais-tu ?

Par Jean-François TATARD 

 

L’ENTRAINEMENT DE TROP

C’est parfois gros comme une maison ! Mais il suffit souvent d’une seule séance pour déséquilibrer toute la balance « charge / récupération ». L’entraînement de trop ! Tu cherches à valider définitivement ton niveau. Tu cherches à te rassurer par rapport à ton copain qui en a fait une de plus. Tu cherches à rattraper ta dernière séance que tu n’as pas réussi à terminer. Mais les dés sont pourtant jetés. Peu importe ce qu’il s’est passé avant : L’heure est à la récupération.

MAIS LE PIRE…

C’est quand on ne l’a pas vu venir. Pas vu venir par manque d’expérience. Par rapport à un décalage à la norme. Par faute de ressources mentales. Par manque de recul sur notre situation. Par perte d’objectivité. Ou de sensibilité aux indices de surmenage. Dans tous ces derniers cas, il faut se faire aider. Quitte à se prendre une « claque » par le coach, le kiné, le médecin ou le copain d’entraînement.

La fatigue

UN DES PREMIERS SIGNES

Un des premiers signes c’est l’irritabilité ou l’incapacité à gérer sa vie sociale. En effet, lorsque l’entourage nous fait unanimement remarquer que nous sommes un peu moins sociables qu’à l’accoutumé, c’est un signal d’alarme. Il existe un proverbe chinois qui dit « quand une seule personne dit que tu as tort, tu as peut-être tort. Quand deux personnes disent que tu as tort, tu as très certainement tort. Quand plus de trois personnes disent que tu as tort, ne cherche pas : tu as forcément tort ». Par ailleurs, lorsque nous n’avons pas de repères objectifs liés au surmenage, il ne faut pas attendre…

LA PSE

Si l’irritabilité aide au diagnostic, le meilleur indicateur reste sa propre perception de l’effort. La PSE (Perception Subjective de l’Effort). Et là tous ces nouveaux outils d’aides à la performance (chrono, vitesse en temps réelle, cardio, GPS, capteur de puissance, etc.) ne sont plus nos meilleurs copains. Certes ils rationalisent l’entraînement mais également ils les complexifient. Dans ce contexte, le paramètre le plus fiable consiste à sentir les choses. Ce n’est pas si compliqué. On a tous un parcours qu’on a routinisé. Une séance qui sert de fiables indicateurs. Celle où sans rien contrôler on est capable de donner l’allure ou la fréquence cardiaque. Ainsi, si pour la même allure qu’habituellement, j’« en chie », c’est que le repos est nécessaire et justifié.

L’ECHELLE DE COTATION

De la même façon que pour évaluer le niveau de satisfaction de son client, les meilleurs vendeurs lui demandent de donner une note au produit sur une échelle de 0 à 10, il est ainsi possible de le retranscrire à notre sport. En effet, il peut être intéressant de mettre dans son cahier ou sur son fichier de suivi des entraînements une cotation à l’aisance sur notre séance (ex : 1/10 je suis KO, 5/10 : pas trop mal mais fatigué, 9/10 : c’est la grande forme et je sens que je progresse).

TOUJOURS PAS CONVAINCU ? TROP PRAGMATIQUE ?

S’il vous en faut plus, alors exceptionnellement sortez le cardio. Il reste quand-même un bon indicateur pour celui qui l’utilise régulièrement. Si sur une séance de qualité, le cœur ne parvient pas à monter aussi haut que d’habitude, c’est que la machine nécessite quand-même plus de repos que vous ne le pensez. Idem lorsque le cœur met du temps à monter et/ou du temps à redescendre. 

Néanmoins, il faut apprendre à lâcher du lest. Même si l’anxiété, l’addiction ou le manque de recul et de confiance conditionnent la course à la surenchère et à la sur assurance, il y a des moments pour rouler à plein régime et des moments où il faut laisser la voiture refroidir sous un pin à l’abri du soleil.

TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER MOINS

Il y a une citation que nous devons à Charles DARWIN et qui résume bien la situation : « L’être qui survivra n’est ni le plus riche, ni le plus intelligent mais celui qui s’adapte le plus rapidement au changement ». En ce sens, « lever pied » n’est pas toujours synonyme d’abandon. Au contraire, cette prudence invite à une forme de sagesse qui peut s’avouer très fructueuse. Rectifier une séance dès son entame démontre de grandes qualités. Mentales déjà. Mais aussi analytique. Et de capacité de projections. La pénibilité inhabituellement perçue est une excellente indication qui demande de réadapter contextuellement son entraînement.

EN CONCLUSION,

S’il s’agissait de mettre l’expression dans le dictionnaire, « L’inflexibilité sportive » pourrait définir « L’entraînement de trop ».

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